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Faire son premier 300km, débuter en ultracyclisme.

Faire son premier 300km, débuter en ultracyclisme.

– La semaine prochaine, je participe au Gravel Man Auvergne – et je t’emmène !

– Ah…

C’était au mois de mai de l’année dernière, un copain ultracycliste m’appelle pour m’embarquer avec lui dans une de ces courses d’ultracyclisme organisées par Stéven Le Hyaric. Je ressens un mélange d’envie et d’appréhension : 350 km à parcourir au travers du relief auvergnat en moins de deux jours et demi… le défi me paraît de taille, voire insurmontable – et en même temps une belle entrée dans la discipline ! Comme beaucoup, les exploits des ultracyclistes traversant des pays entiers en quelques jours m’impressionnaient et je m’étais toujours dit que ce ne serait jamais pour moi.

Je me trompais : après deux jours et demi à cheminer dans la gadoue, à maudire la pluie, à ne dormir parfois que pendant 30 min la nuit et à me cuire les cuisses en escaladant des cols interminables, j’atteins le camp d’arrivée. Une épreuve mentalement et physiquement exténuante. Mais le lendemain, une sensation nouvelle de bien-être complet se diffuse dans mes muscles endoloris et mon esprit pendant plusieurs jours, je me suis rarement senti aussi  bien : ça y est, j’ai mordu, et je pense déjà à la prochaine.

Tout en bénéficiant d’une bonne condition physique, je n’avais pas d’entraînement particulier, à part les trajets quotidiens au travail. Pourtant, je me suis surpris à terminer l’épreuve dans les temps. Avec cependant quelques enseignements à en tirer, et aujourd’hui que je suis davantage entraîné et rodé aux principes de l’ultra, je trouve intéressant de lancer un regard rétrospectif sur cette expérience pour celles et ceux qui souhaiteraient se lancer dans l’aventure.

La préparation physique… et mentale !

Dans une discipline comme l’ultra, si le mental est au niveau, on se découvre des capacités insoupçonnées de résistance physique. Le mental flanche souvent avant le corps. Le slogan “Start with legs. Finish with mental.” des courses Gravel Man organisées par Stéven Le Hyaric prend rapidement un sens très clair après des journées de 12h sur la selle.

Le principal est de rouler au rythme adéquat. C’est comme pour un marathon : on ne commence pas par un sprint ! Il est donc important de prendre un rythme qu’on puisse tenir des heures et des heures sans s’arrêter (celui qui nous permet encore de tenir une discussion, comme on dit souvent en course et en cyclisme) et de ne surtout pas se mettre dans le rouge.

Les imprévus techniques sur le plateau du Cézallier

En prévision des dénivelés importants que réserve ce type d’épreuve, tester les braquets de sa bécane est judicieux et permet d’adapter si besoin le groupe en changeant la cassette, voire le plateau. Sur un vélo type Gravel, je roulais sur un plateau 50-34 et une cassette 11-32. Les rapports passaient, mais j’ai souhaité changer pour une cassette 11-34 pour bénéficier d’un peu plus d’aisance sur des côtes à 17%….

Une bonne préparation à la fois physique et mentale pour ce type d’épreuve consiste à commencer par des sorties à la journée de 150km puis 200km, au départ de chez soi. Elles permettent de tester son matériel sur des distances qui s’allongent progressivement et d’incorporer tranquillement les bases de l’ultracyclisme et de comprendre comment le corps et le mental parviendront à gérer ce type d’épreuve.  

L’alimentation : le nerf de la guerre !

Je me suis vite rendu compte que la gestion de mes apports caloriques était à revoir. Comme beaucoup de débutants, j’attendais la sensation de faim pour prendre une barre de céréales ou autre apport de sucres rapides. En réalité, c’est généralement déjà un peu tard, et la fameuse “fringale” ne tarde pas à se faire sentir, avec une nette perte d’énergie et des jambes qui se dérobent.

Une erreur rapidement corrigée au cours des sorties suivantes, où je suivais les recommandations de coureurs plus expérimentés (par ex. prendre une barre toutes les heures). On a du mal à s’en rendre compte au début, mais les dépenses énergétiques sont énormes : un 200km représente facilement une dépense de plus de 6000 kcal, soit plus de deux fois la dépense énergétique quotidienne moyenne d’un homme adulte !

Certains coureurs d’ultra ne se nourrissent quasiment que de sucres rapides pendant leurs courses, pour réduire au minimum le travail digestif et disposer en permanence d’un apport en glucose. Pour ma part, sans objectif sportif particulier autre que finir l’épreuve, je préfère me garder à intervalle régulier des apports salés et consistants (ça compte aussi pour le moral !).

Le confort postural : incontournable

Heureusement de moins en moins négligé, le confort sur sa monture est un aspect incontournable de la discipline : une sortie de 3 heures le dimanche avec les reins cassés, ça peut passer… mais rouler ainsi pendant plus de 12 heures par jour, trois journées de suite, ça risque de casser !

Il est facile de trouver aujourd’hui des études posturales, mais avant même de passer par là (elles représentent un certain coût), on peut déjà utiliser ses premières sorties de 100/200km pour expérimenter différents réglages : recul de selle, hauteur du cintre, longueur de potence… Encore une fois, en ultra, le confort est déterminant par rapport au sortie classique, alors ne pas hésiter par exemple à sacrifier un peu d’aérodynamisme en relevant son cintre.

Les prolongateurs sont des alliés précieux : à la fois parce qu’ils offrent un moyen de reposer des membres supérieurs (en particulier en limitant l’engourdissement des doigts qui vient après plusieurs heures en  continu à serrer les manettes), de changer de position (le dos dit merci!) et de gagner facilement plusieurs km/h sans effort grâce au simple gain d’aérodynamisme. Ils deviennent rapidement indispensables – à condition de les tester et de les régler !

Le poids : voyager léger… mais intelligemment

S’il y a bien un sport où la question du poids n’est pas négligée, c’est le cyclisme. Le premier geste quand on découvre un nouveau vélo est de soupeser l’engin d’un air entendu. Beaucoup sont prêts à dépenser des centaines d’euros pour un étrier de frein en carbone qui permettra de gagner 20g.

Et pourtant, il n’est pas rare de voir ces mêmes personnes entasser les équipements sur leur vélo “au cas où”… et de le regretter amèrement pour la plupart quelques dizaines de km plus loin… Il peut être rassurant de partir charger comme un mulet, mais il faut bien avoir conscience des efforts supplémentaires à fournir, qui pourront devenir un obstacle insurmontable au bout de 300km vallonnés.

A l’autre bout du spectre, il y a celles et ceux qui partent avec quasiment rien… ce qui peut s’avérer tout aussi problématique en ultracyclisme. Léger ne signifie pas les sacoches vides ! Dans une course en autonomie, l’équipement ne s’improvise pas et il est important de disposer des équipements vitaux permettant de parer aux imprévus, comme une pluie ininterrompue sur le plateau du Cézallier qui te trempe jusqu’à l’os. On oublie la tente, à la fois lourde et surtout encombrante. Le bivy est une bonne solution : léger (il pèse…) et peu encombrant, il offre un abri d’urgence à la fois imperméable, isolant et peu cher.

De même, si de la pluie est prévue, des vêtements imperméables et respirants seront tout aussi indispensables. L’ultracyclisme, c’est aussi vivre au rythme des éléments naturels. Idem : on ne fait pas l’impasse sur un minimum d’outils, un éclairage suffisant, une batterie, de quoi se désinfecter et des pansements/compresses.

Conclusion

En conclusion, je pousse toujours davantage de gens à tester l’ultracyclisme, en commençant par des sorties de 150, 200 puis 250 km sur une journée (il est facile de se créer des itinéraires sur mesure sur des sites comme Komoot ou Geovelo, ou de télécharger directement des traces publiées par d’autres). Cela permet d’appréhender des distances qui paraissent insurmontables au début et de se rendre compte, que parcourues avec une gestion intelligente de l’effort et un minimum d’organisation, se feront sans trop de difficultés par beaucoup, qui en seront les premiers surpris !

Photos par Florent Schneider, Gravelman

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